La minuartie dressée, symbole de la fragilite des tourbières

Un article publié dans l’Est républicain le dimanche 24 février 2019 a rappelé à la fois la richesse floristique des tourbières situées sur le territoire de la commune et l’extrême fragilité de cet écosystème.

La minuartie dressée, cette petite plante de moins de 10 cm à la tige filiforme portant des petites feuilles et des fleurs blanches à pétales, est considérée comme disparue. D’après le Conservatoire botanique national de Franche-Comté, la minuartie dressée encore présente dans les régions arctiques et subarctiques d’Europe et d’Amérique ainsi que dans l’Oural, n’était signalée que dans les tourbières du massif jurassien. Elle fut observée dans 4 communes du département : Bannans, Chaffois, Pontarlier…et La Chenalotte dont la seule observation date de 1850.

Quelques recherches sur Internet montrent que les tourbières de La Chenalotte ont attiré les botanistes du XIXème siècle et notamment Charles Contejean et Antoine Magnin. Le premier observe en 1850 la minuartie dressée ou l’Alsine stricta. En 1895, le second présente cette dernière : « cette espèce caractéristique des tourbières de l’Europe boréale (de la Sibérie et de la Scandinavie au Groeland) s’observe aussi dans les tourbières du Jura central depuis le Bélieu (Doubs) et les Ponts (Suisse) jusqu’à l’Abbaye-en-Grandvaux (Jura) dans les localités suivantes et notamment « dans les tourbières du Russey, dans les tourbières du Bélieu, du côté de La Chenalotte « . Mais il précise déjà « que cette plante tend à disparaître des localités où elle avait d’abord signalée ; on ne l’a pas en effet retrouvée à La Chenalotte« .

Dans une note de la Société linnéenne de Lyon publiée en 1887, intitulée « note sur quelques plantes intéressantes du Haut-Jura », ce même Antoine Magnin entretient « la Société de diverses herborisations qu’il a faites en 1887 dans les tourbières du Haut-Jura (Le Bélieu, La Chenalotte), les environs du Saut-du-Doubs, la chaîne du Cul-des-Roches, etc » . « M. Magnin présente la plupart des plantes intéressantes de ces régions, notamment les plantes des tourbières : saxifraga Hirculus, Carex chordorhiza, C. filiformis, Andromeda, Lycopodium Selago, etc. et distribué quelques-unes d’entre elles, récoltées en nombre à l’intention de nos confrères« .

D’après le conservatoire botanique national de Franche-Comté, la minuartie dressée a été victime de la destruction de son habitat (au XIXème siècle, les tourbières de La Chenalotte étaient exploitées pour le chauffage) mais aussi des botanistes professionnels ou amateurs « pour enrichir leurs herbiers, les botanistes des siècles passés ont prélevé de nombreuses plantes en milieux naturels réduisant ainsi dangereusement le nombre d’individus de populations déjà fragiles et participant ainsi involontairement à leur extinction… ».

Aujourd’hui, « l’état de conservation de ces tourbières est relativement altéré » notamment celle de La Chenalotte «qui est plantée d’épicéas depuis 60 ans et subit actuellement un assèchement et un boisement spontané par suite de la création de drains ».

Peut-être lors de vos prochaines balades dans cette zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), vous aurez la chance d’observer les 57 espèces déterminantes (considérées comme remarquables pour la biodiversité, ou menacées et jugées importantes pour et dans l’écosystème ou particulièrement représentative d’un habitat naturel ou de l’état de l’écosystème) dont 33 végétaux ou les 232 espèces recensées…

Mais pour combien de temps encore ?

Charles Contejean en 1854, a observé la saxifrage oeil-de-bouc à La Chenalotte. Aujourd’hui, cette espèce est menacée….

Voir la fiche de la saxifrage oeil-de-bouc

Voir la liste des espèces et le formulaire de la ZNIEFF