Les Tourbières
Les tourbières sont des milieux humides particuliers, se développant sur des sols peu perméables et caractérisés par la colonisation d’une végétation dont les débris se décomposent lentement et s’accumulent en une sorte de roche tendre appelée tourbe. Riche en matière organique, les tourbières constituent des puits de carbone très efficaces pour la planète davantage encore que les forêts : à l’échelle de planète alors qu’elles n’occupent que 3% de la surface des terres émergées, les tourbières stockent environ 30% de la totalité du carbone des sols mondiaux.
En France, les tourbières sont inégalement réparties sur l’ensemble des régions. Ces milieux représentent près de 100 000ha, soit 0,2% du territoire de l’Hexagone. Même si toutes les régions sont susceptibles de voir des tourbières s’y développer, la majorité de ces milieux humides particuliers se concentre dans les étages montagnards comme le Jura, les Vosges, le Massif Central et dans une moindre mesure, les Alpes du Nord, les Pyrénées et la Bretagne.
Dans le domaine jurassien, les tourbières se sont formées sur des roches calcaires (Espace Naturel Comtois, 2003). Celles-ci représentent environ 2600ha au total, avec une moyenne de 10 ha par tourbière.
Les tourbières du Bélieu, de Noël-Cerneux, du Bizot, de La Chenalotte et du Narbief s’étendent sur près de 326 hectares. Elles sont les plus étendues du Jura français après celle de Pontarlier.
Classées zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique du type 1 (voir le rapport) les tourbières des Seignes du Bélieu au Narbief abritent de nombreuses espèces végétales et animales dont certaines originales adaptées au milieu froid et engorgées des tourbières : l’Andromène à feuilles de Polium, les Laîches des bourbiers et des tourbières, la Rossolis à feuilles rondes. Le milieu est également favorable aux reptiles et amphibiens. Enfin, quatre espèces de papillons inféodés aux tourbières et protégés au niveau national sont recensées. Au final, huit espèces bénéficient d’un statut de protection nationale et sept au niveau régionales. Les tourbières comptent pas moins de 57 espèces déterminantes (23 insectes, 1 oiseau, 33 végétaux) et plus de 232 autres espèces.
Importants réservoirs hydriques, les tourbières ont un rôle régulateur dans la circulation complexe des eaux superficielles souterraines de la région et leur microclimat contribue à limiter les risques de sécheresse dans les secteurs voisins.
Enfin, ces milieux acides gorgés d’eau sont particulièrement favorables à la conservation de la matière organique : pollens et spores, de la faune et de la flore – donc du climat – au cours des quinze derniers millénaires, après le retrait des glaciers. Ils constituent donc de véritables musées de notre environnement.
Néanmoins, ce réservoir de biodiversité, cette zone remarquable est fragile et l’état de conservation de ces tourbières est relativement altéré. Ainsi celle de La Chenalotte est plantée d’épicéas depuis 60 ans et subit, actuellement, un assèchement et un boisement spontané par suite de la création de drains.
La minuartie dressée, symbole de la fragilité des tourbières
Un article publié dans l’Est républicain le dimanche 24 février 2019 a rappelé à la fois la richesse floristique des tourbières situées sur le territoire de la commune et l’extrême fragilité de cet écosystème.
L’exploitation des tourbières
Comme pour bon nombre de milieux naturels, l’Homme a su trouver différents usages pour les tourbières et en a exploité les ressources, bien souvent à l’excès. La tourbe une fois séchée, procurait un combustible constituant une alternative au bois. Les tourbières de notre commune sont exploitées à la fin du XVIIIème siècle et surtout au XIXème siècle.
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